La Veuve de Saint-Pierre

Sur une île de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1850, un crime commis par un marin en état d’ivresse vient bouleverser l’existence monotone des habitants. Condamné à être guillotiné, l’assassin Neel Auguste (Emir Kusturica) est placé, en attendant son exécution retardée pour des raisons matérielles, sous la surveillance du capitaine (Daniel Auteuil, excellent). Sa femme, l’originale Madame La (Juliette Binoche), se prend d’affection pour Neel et le laisse effectuer quelques menus travaux pour la communauté. Faisant preuve de gentillesse et de générosité, l’homme est réhabilité aux yeux de la population qui redoute maintenant, plus que tout, l’arrivée de la guillotine par le premier bateau venu de France. La veuve en question n’est autre que le surnom de la guillotine et le scénario de Claude Faraldo s’est appuyé sur un fait-divers réel. Pour traiter son sujet, Patrice Leconte a imposé un style de mise en scène très statique, multipliant les plans fixes et se posant d’une façon identique sur les visages ou les paysages magnifiques.
Son souci de l’esthétique (lumières, perfection des costumes) confère parfois à l’œuvre une allure académique, mais lorsqu’il s’agit de rendre compte des sentiments des protagonistes, entraînés dans cette histoire d’amour peu conventionnelle, le film retrouve une flamme inespérée.